La maladaptation : quand la bonne idée se révèle être pire


La maladaptation se produit quand des stratégies d’adaptation au changement produisent des effets néfastes et indésirés pour certaines populations et/ou leur environnement – en particulier quand elles rendent des populations plus vulnérables au changement suite à leur mise en place.

La maladaptation peut donc se résumer comme "la fausse bonne idée mise en place trop vite et sans tenir compte des effets à long terme et du contexte d'application".
Elle apparaît très régulièrement dans les politiques occidentales d'aide au développement.

Le cas de la climatisation

Le premier problème ici est l’aggravation du changement climatique causé par ces climatiseurs via un cercle vicieux : plus le changement climatique sera important, plus les épisodes de canicules seront nombreuses et intenses, plus la climatisation risque d’être utilisée pour faire face à cette chaleur, ce qui risque d’entraîner plus d’émissions de gaz à effet de serre (l’électricité dans les pays en question étant rarement décarbonée), renforçant ainsi le changement climatique.

Mais la climatisation peut aussi renforcer la vulnérabilité aux canicules. Et ce, pour deux raisons :
  • la climatisation rejette de l’air chaud à l’extérieur, augmentant les températures et aggravant les canicules pour les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas utiliser de climatisation.
  • par ailleurs, compter principalement sur la climatisation pour limiter les impacts d’une canicule signifie que toute coupure de courant engendrera d’importants effets sanitaires. C’est ce que l’on a pu observer aux Etats-Unis, à l’été 2021 par exemple, où le pic de demande de climatisation et les difficultés à produire de l’électricité lorsqu’il fait chaud ont engendré de nombreuses coupures.
Plus globalement, miser principalement sur la climatisation pour affronter des canicules revient à moins investir pour explorer des pistes d’adaptation plus structurelles et résilientes.

Les points d'attention pour éviter la maladaptation

Les raisons qui conduisent à de la maladaptation commencent à être bien identifiées :
  • Des approches trop schématiques de l’adaptation, qui ne prennent pas en compte les inégalités. Au fond, on ne peut pas lutter réellement contre la maladaptation si on ne prend pas sérieusement en compte les différences de vulnérabilité entre groupes sociaux.
  • Peu d'évaluations des effets à long terme des projets, et peu d'analyses critiques sur les retombées potentielles sur d'autres domaines ou groupes que ceux visés.
  • Peu ou aucune participation de groupes marginalisés dans la conception et mise en place de projets d’adaptation. Au fond, attention aux « projets d’adaptation conduits comme des interventions techno-managériales », sans prendre en compte les contextes politiques, sociaux, culturels.
  • Certains projets d'adaptation voient leurs objectifs réajustés pour correspondre aux critères de « l'aide au développement» sans réellement prendre en compte spécifiquement les risques. Autrement dit : des projets sont parfois estampillés « projets d’adaptation » de façon trompeuse.
  • La façon de définir le « succès d’un projet d’adaptation » peut dépendre des programmes de développement dominants et des intérêts des groupes les plus puissants ou les mieux connectés. Les groupes les plus marginalisés risquent alors d’être oubliés dans la planification de l'adaptation.

Dans nos scénarios de prospective, veillons à questionner nos bonnes idées pour vérifier leur pertinence avant de passer à l'action.