Notions, concepts autour de la prospective

La seule certitude aujourd'hui c'est que demain est incertain ;-)

La prospective, considérée comme une science de « l'homme à venir » par son créateur Gaston Berger, vise, par une approche rationnelle et holistique, à préparer le futur de l'être humain.
Partant du constat élémentaire que les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne sauraient être réduits à une seule dimension, la prospective propose d’appréhender les réalités au travers de l’ensemble de leurs aspects, de toutes leurs dimensions, quelle que soit leur nature.
C’est une démarche pluridisciplinaire, d’inspiration systémique qui intègre la dimension du temps long, passé et à venir. Elle ne consiste pas à prévoir l’avenir, ce qui releverait de la divination ou de la prévision, mais à élaborer des scénarios possibles et impossibles dans leurs perceptions du moment sur la base de l’analyse des données disponibles. Pour chaque scénario, elle établit une matrice de l’ensemble des facteurs variables et croise l’incidence de chaque facteur sur les autres facteurs restants en modulant la valeur de chacun. La prospective doit aussi s’appuyer sur des intuitions liées aux signaux faibles, des analyses rétrospectives et la mémoire du passé humain et écologique.
Le prospectiviste synthétise les risques et offre des visions temporelles en tant qu’aide à la décision stratégique. La prospective réduit les incertitudes face à l’avenir, et priorise ou légitime des actions.

C’est une démarche continue, car pour être efficace, elle doit être itérative et se fonder sur des successions d’ajustements et de corrections dans le temps.
Elle s’appuie sur des horizons ou dates butoirs (ex : 2030, 2040, 2050, 2100).

Les grands principes de la prospective (à la française)

La prospective est tournée vers l’action. Elle choisit parmi les scénarios un futur possible et souhaitable. Elle ambitionne d’agir sur le présent afin de le réaliser. Les parties prenantes sont associées aux experts et prospectivistes. Elles participent dès le départ à l’élaboration de la prospective et veulent construire l’avenir. L’approche est volontariste et l’accent est mis sur l’être humain.
Etymologie : On peut analyser le mot en tant que mot-valise qui réunit :
  • la prospection qui est l’exploration de domaines nouveaux et
  • la perspective qui induit à la fois les notions de point de vue et de futur.

La veille
Cette fonction de veille est sans nul doute à la base de toute démarche prospective. Elle implique une analyse et une évaluation permanentes à la fois de tendances lourdes, et des "signaux faibles".

L'anticipation et l'action
L’anticipation et l’action entretiennent une relation dialectique qu'on peut résumer par deux questions :
  • que peut-il advenir ?
  • Que puis-je faire ?


Les grands scénarios dans l'approche prospectiviste

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Et dans le cadre de ce projet, notre démarche générale s'inscrit dans un "scénario du souhaitable" : on se projette dans l’avenir, on voit ce qu’on veut voir advenir et on cherche les moyens de faire en sorte que cela arrive réellement et dans une approche territoriale.

De plus en plus d’acteurs comprennent que l’on ne peut pas se contenter de piloter un territoire « à vue », au jour le jour, sur la base des demandes et des aspirations des électeurs et de l’émergence des besoins qui traduisent les jeux de rapports de force entre les groupes sociaux localisés dans tel ou tel contexte. L’expression d’une vision des choses, d’un cadre qui permette d’ordonner les intentions, de les hiérarchiser, d’organiser la multitude des aspirations et des besoins, de coordonner les jeux d’acteurs de façon à parvenir à des résultats tangibles est reconnue comme nécessaire. La construction d’un cadre de l’action collective manifeste le besoin d’une plus grande efficacité des politiques publiques, d’une meilleure efficience dans l’usage des fonds publics, et plus fondamentalement, d’un partage du sens de l’action collective. Guy Loinger


La prospective n'est pas...

La prédiction : veut prédire un avenir unique et poser des injonctions (fatalité) alors qu’un bon exercice prospectif repose sur un diagnostic qui permet d’explorer des avenirs multiples et incertains.
La prévision : cherche à dire ce qui va se passer alors que la prospective cherche à dire ce qui pourrait se produire (indéterminisme)
La projection : prolongement ou inflexion dans le futur de tendances passées. En inscrivant l'avenir dans la continuité du passé, la projection ne parvient pas à envisager les ruptures possibles.
L’utopie : hors du champ des possibles donc irréaliste.
La planification : se fixe d’emblée un objectif à partir de l’évaluation de la situation présente et écarte alors, de fait, un ensemble de scénarios plausibles en s’efforçant de trouver les moyens de réaliser celui qui a été choisi comme cible.

Trois formes de démarches anticipatrices pour un territoire

Ces démarches considèrent le territoire comme :
  • Territoire comme sujet : l’objectif est de connaître le futur avec certitude pour se préparer à ce qui va se passer, on parle aussi de prédiction ou de prévision. Le court terme est le plus souvent pratiqué (demain à 10 ans).
  • Territoire comme projet : l’objectif est de créer différents scénarios ou visions, afin de choisir un futur souhaitable et planifier comment y arriver. On considère le moyen terme (au moins 10 ans). Cette forme est parfois nommée prospective.
  • Territoire comme prospect : l’objectif est d’utiliser le futur en explorant des futurs alternatifs pour repenser le présent et faire émerger des espaces d’action dans le présent en conséquence. Il n’y a pas d’horizon temporel fixé.